Blanc et noir

Mariage blanc avec une jeune femme noire : c’est la proposition étonnante qu’accepte Maarten Seebregs, homosexuel de 50 ans habitant Beveren. Le narrateur est de plus malade, au chômage, et déprimé après la mort de son compagnon, Gaëtan, avec qui il a partagé la vie et un métier dans le cinéma flamand.

En acceptant le mariage avec Tamara contre la remise d’une somme d’argent, c’est un film en noir et blanc qui commence, avec des retours en arrière pour évoquer la vie passée du héros. Des flash-backs, des scènes d’amour, des situations comiques font penser à un film qui se déroule sous nos yeux, comédie dramatique fort plaisante. Différents épisodes de la vie quotidienne avec Tamara donnent l’occasion au narrateur d’évoquer la vie passée avec Gaëtan. Le procédé est astucieux.

Esprit bande dessinée

Maarten est une sorte de Lambil, homosexuel, quinquagénaire, lubrique, en route pour de nouvelles aventures au pays de Waas. On pense à Bob et Bobette avec un Lambil qui a fort à faire avec de nombreux opposants, dans des situations difficiles qui se succèdent:

• Vandessel, qui monnaie le mariage qu’il veut blanc, pour retrouver Tamara six mois après et une régularisation;
• Tamara, jeune femme noire séduisante avec qui la cohabitation est difficile pour un vieil homosexuel;
• Karel et Jenny, les contrôleurs sociaux pointilleux qui enquêtent à domicile; ils forment un couple improbable, sorte de Dupont-Dupont cocasses;
• le père de Maarten qui jubile à l’idée de voir son fils épouser une femme;
• des jeunes racistes avec qui Maarten se bagarre devant Tamara;
• le curé qui célèbre le mariage et qui insiste auprès du marié pour qu’il embrasse sa jeune épouse.

Le plus inattendu est le changement qui s’opère en cours de récit entre les deux protagonistes:

• Maarten qui se prend d’affection pour sa fiancée;
• Tamara, qui se prend d’affection pour l’homme qui l’héberge.

Duo comique

Ils en viennent à former un couple ou, en tout cas, le duo typique des films de comédie. Tout oppose au début ces deux êtres qui finissent par se rapprocher. Les événements et péripéties se succèdent pour sceller le lien entre eux, en un chassé-croisé pittoresque. La cohabitation forcée, a priori impossible, entre deux personnes que tout sépare (âge, sexualité, origine, situation) se transforme en une relation vraie, inattendue.

Récit picaresque bien mené : c’est un livre léger, une comédie qui comporte une part de drame. Une histoire virevoltante abordant sans s’appesantir des sujets graves, avec tact et humour : la situation des sans-papier, le mariage blanc, l’homosexualité.

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