Diane, la narratrice, remonte le temps pour retrouver en 1954 les traces de Jacques Fesch, son grand-oncle mort guillotiné. Alors jeune homme de 24 ans, il a provoqué la mort d’un policier à la suite d’un casse raté. En prison, le condamné se convertit et meurt en saint aux yeux de l’Église…
Le fil de l’histoire
Parfois brouillon, toujours sincère, le récit de l’auteur nous interpelle par la force tragique de son histoire. On remonte le fil de la narration, on découvre les faits qui ont présidé à l’irréparable. Un jeune homme de bonne famille, marié et père d’un enfant, réalise un hold-up qui tourne mal. Son mobile? Trouver de l’argent pour acheter un bateau et fuir, lui qui ne sait pas naviguer.On se surprend avec la narratrice à vouloir croire que la fin tragique est évitable, que le jeune homme immature échappera à la mort.Au cours de l’enquête policière, à l’occasion de son procès, tout concourre à le nuire:
- sa franchise, qui transforme son indifférence, son oisiveté, en monstruosité;
- son avocat, dont la plaidoirie dessert le client;
- la Justice de l’époque – celle des films d’André Cayatte (“Nous sommes tous des assassins”);
- sa conversion en la foi catholique, qui fait de l’accusé une victime mystifiée.
Nous sommes tous des assassins
L’auteur prend parti pour son ancêtre et refait devant nous le procès du condamné. Elle démonte les rouages de la Justice qui conduit un être maladroit à l’échafaud. Accusation, expertise, défense malencontreuse sont les circonstances dramatiques qui empêche l’homme d’échapper à une mort programmée. Stéphanie POLACK réalise un travail d’historien; elle relève les échos de la presse, elle prend à témoins les acteurs du drame pour nous intéresser et nous émouvoir.
“Je pense à Fesch, à la mère de mon père. Ils me sont inconnus mais me hantent, se rejoignent, palpitent et se serrent l’un près de l’autre en moi comme un organe malade. Je ne comprends pas pourquoi. J’avance pas à pas, page après page. (p. 168)