Recueil de nouvelles, textes divers, préface et critiques publiés par Raymond CARVER. L’ouvrage vaut par la profession de foi que manifeste l’auteur. C’est un plaidoyer en faveur de la nouvelle à l’américaine, soit un récit fait de dialogues intéressants, avec des situations, personnages et détails mémorables. L’écrivain revient sur sa pratique de l’écriture de nouvelles, et ce d’autant mieux qu’il parle ici des nouvelles des autres!
Voix
Ce livre comprend une préface rédigée par l’auteur à l’occasion d’une publication. Il nous parle des secrets d’une écriture réussie. L’écrivain veut reconnaître dans un roman, une nouvelle une véritable voix, prenante.
“L’autre question que je me pose quand je m’efforce d’évaluer la qualité d’une nouvelle – et c’est aussi une de mes pierres de touche – est de savoir si la voix: qui s’y fait entendre est suffisamment prenante. Comme la plupart des gens qui lisent, je suis rebuté par les jérémiades et les gens qui sont trop imbus de leur petite personne. Je n’ai pas non plus beaucoup de patience avec les bravaches et les fortiches. Il faut que quelque chose se joue, quelque chose d’important, qui va se dessiner graduellement, phrase par phrase.” (p. 198)
Texte et texture
Le récit est une sorte de tapisserie au petit point de croix. Des éléments – épisodes, personnages, situations, tissent des liens entre eux, imperceptibles à la première lecture, mais qui donnent à l’ouvrage une texture, un fond, une profondeur.
“Si les très bonnes nouvelles tiennent le coup lors d’une seconde lecture, c’est grâce entre autres aux liens subtils que l’aureur arrive à tisser entre les actes et les idées.” p 197″Déceler la façon dont les fils de la trame se chevauchent et s’entrecroisent est l’un des plaisirs de la lecture. Les très bons écrivains usent de leur davier aussi bien horizontalement que verticalement (j’emprunte cette image au pianiste de jazz Cecil Taylor), et ils le font d’instinct, sans effort apparent.” (p.198)