Le journal d’Otto Steiner 1939-1940.
Otto Steiner souffre de la tuberculose à Salzbourg en 1939. Il réside dans un sanatorium, alors que l’Allemagne nazie envahit l’Europe.
Les temps sont durs, en temps de guerre. Oppression, exactions, arrestations. Tout est difficile : manger, se soigner, survivre, alors que des trafics divers et le marché noir gangrènent la vie quotidienne en Autriche.
Otto Steiner est un intellectuel, fin lettré, musicologue émérite. Il se désole de ne participer qu’avec difficulté au festival de musique organisé à Salzbourg chaque été. De plus, il assiste à une surenchère musicale qui le révolte. Il regrette une programmation à la gloire du IIIème Reich. C’est Mozart qui est pris en otage, qu’on avilit. Des musiciens ou chefs d’orchestre participent à ce scandale: Herbert von Karajan, Karl Böhm, …
“Les instruments devraient se taire. Les ténors, les violonistes. Ne pas être complice de tout ça. Par pudeur.” (p. 73)
Notre amateur de musique est impuissant. Malade, il cache ses origines juives pour échapper au sort de ses semblables. Enfermé dans un sanatorium où il côtoie la maladie et la mort, il assiste au triste spectacle d’une musique malmenée, dans la ville natale de Mozart. Luttant contre la tuberculose dans des conditions sanitaires déplorables, il apparaît démuni face à la puissance nazie. Et pourtant…
Un attentat musical
Notre héros profite de ses connaissances musicales pour aider un ancien collègue; il participe à la planification du Festspiele, le festival d’été. Il manigance pour réserver au public et aux organisateurs une surprise, un véritable camouflet. Un vrai attentat musical!
Á travers les pages d’un journal intime rédigé par le narrateur, à l’aide de lettres adressées à son fils qui a fui l’oppression nazie en Palestine, le récit nous livre un portrait de l’Allemagne et de l’Autriche en temps de guerre. Victorieuse à l’étranger, l’armée allemande conquiert la Pologne, envahit la France en 1939 et 1940. Mais la population en Autriche souffre et survit en connaissant la faim, les maladies et la dictature.
Le point de vue pris est celui d’un homme gravement malade, enfermé dans un sanatorium, qui se bat contre la tuberculose et contre le nazisme avec des moyens dérisoires. C’est une illustration forte du monde en guerre. Un mal, presque incurable; une maladie, peut-être mortelle, ronge de l’intérieur un pays dont les habitants sont prisonniers. Malgré tout, un individu, même affaibli, a le pouvoir de s’opposer.