Ted Hugues, poète étudiant à Cambridge, rencontre en 1956 Sylvia Plath, écrivaine d’origine américaine. Sylvia renaît après un séjour en hôpital psychiatrique, aux Etats-Unis. Ils se marient et vouent leur existence à la poésie ou à la littérature. Ils connaissent le succès critique et public; ils deviennent parents… Tout leur réussit. Et pourtant…Leur destin ressemble ressemble à celui de quelques couples qui ont marqué l’histoire de la littérature américaine : Francis Scott Fitzgerad et Zelda; Carson et Reeves McCullers… Destin forcément tragique.Car ces protagonistes ont existé, même si aujourd’hui ils sont peu connus. Le récit de l’auteur leur donne une nouvelle jeunesse, par le biais d’un vrai kaléidoscope. Le lecteur a une vue morcelée d’une histoire dont il prend connaissance peu à peu. Fragment d’un drame qui se déroule sous nos yeux, séquencé.
Une plaie qui suppure
Sylvia, enceinte, ronde, écrit. Porteuse d’une vie en elle, elle est féconde en écriture. Naissances et parutions littéraires se succèdent pour elle. Elle éloigne fausses couches ou l’horreur blanche de la stérilité; elle rejette la terreur de redevenir plate. Elle masque une déficience d’être, une menace pour elle, sa “fêlure” – pour reprendre un terme cher chez Francis Scott Fitzgerald.
“Vous savez, je l’ai compris depuis peu. Ecrire ne sert à rien. Je veux dire, ne protège pas contre le désespoir ou la dépression… On recoud la plaie au fil des mots. On enfouit le mal sous l’écorce du langage. La plaie se referme, ligneuse. En-dessous, ça s’enkyste. Ou ça suppure.” (p. 197)
La liesse du prédateur
Ted, braconnier, sans droit de chasse, est un prédateur.Il puise dans la chasse une libre capacité de création. Il écrit et se lâche, bondit hors de lui, tel un animal sauvage, indompté, sur sa proie, au cours d’une véritable liesse animale. Il découche, conquiert de nouvelles femmes lorsque son épouse accouche : Assia, puis Carol… Quelques unes écrivent, meurent… C’est dans les autres, chez les femmes, qu’il puise son inspiration créatrice.
Un vrai déchirement
Un génie chasse l’autre, l’homme connaît la célébrité, la femme se meurt… Francis Scott Fitzgerald a été l’étoile de la “lost generation”, au détriment de Zelda qui meurt interné; Carson McCullers connaît de manière fulgurante la gloire littéraire, pendant que Reeves connaît la déchéance…C’est l’histoire terrible de la création artistique que revisite pour nous l’auteur. Une histoire qui ne se vit pas en couple, sinon dans le déchirement.