Écrivain reconnu, le narrateur revient dans sa ville natale, en banlieue  parisienne; sa mère est hospitalisée. C’est l’occasion d’un retour aux origines – ses parents, son frère, ses anciens amis, Sophie, une femme qui l’aime jusqu’à l’outrance. Ce sera surtout le point d’un nouveau départ, pour l’extrême Orient : le pays du Soleil levant.

100% Adam

C’est un roman 100% Olivier Adam, qu’on aime ou pas, souvent pour les mêmes raisons. Tous les éléments sont réunis d’un univers particulier, toujours un peu le même:

• un personnage principal avec une ex-femme et deux enfants qu’il adore;
• un esprit torturé, une âme en révolte, angoissée;
• un lieu, une géographie typique : la périphérie, une banlieue grise, terne (la litanie pavillonnaire, le chapelet de nouvelles constructions identiques) ou la mer, la plage, une cité balnéaire, l’eau salée qui purifie, qui lave on ne sait quelle saleté originelle;
• une galerie de personnages secondaires, fatigués, abimés: Stéphane, Samir ou Sophie; un caissier de supermarché au chômage, un taximan que les clients désertent, une amoureuse excessive;
• une vie décalée, hors saison, en lisière de la vie, aux confins, aux abords: en périphérie de ce d’autres appellent la vraie vie;
• une musique, celle des phrases bien musicales, ou la bande-son qui accompagne les pages, en reprenant les titres de chanson mentionnés tout au long du récit: Applause, Midlake, Wilco, Murat, Lambchop …

Poète maudit

Une terrible lassitude s’empare des protagonistes, la fatigue de vivre de guerre lasse, après ou avant des moments de révolte, hors de soi-même, comme expulsé de soi. La rupture est toujours là, la séparation bien sûr entre les deux membres d’un couple : homme et femme mariés, ou les jumeaux à leur naissance dont il est ici question. Tout l’art de l’auteur réside dans cet entre-deux qui sépare deux extrémités : un gouffre que voudrait recouvrir l’écriture.

“Qu’est qui me poussait à toujours imaginer les gens rongés par l’ennui, usé par le quotidien, blessés d’être ainsi réduits, leurs vies tenant dans des boîtes à gants? (…) Moi qui au fond n’avait jamais été apte à quoi que ce soit. Qui avais tout déserté. Qui me réfugiais dans l’écriture pour vivre, sentir, goûter chaque chose.” (p. 199)

Des trucs de poète maudit? Tout Adam tient en ces lignes, pour le meilleur et pour le pire. C’est un livre synthèse qui contient tous les autres. Le narrateur est un écrivain connu, et lorsqu’il parle de sa carrière, on reconnaît là:

• le Japon du “Coeur régulier” (2010);
• un secret familial mal caché, comme dans “Je vais bien ne t’en fais pas” (2000);
• des réfugiés candidats à l’immigration (“A l’abri de rien”, 2007).

Adam parle même d’Adam, et cela reste passionnant.

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