La maison d’édition belge Esperluette publie un ouvrage illustré, un récit de Nicole MALINCONI accompagné des dessins de Evelyn GERBAUD. Le livre a pour sujet l’adoption.
Quatre femmes, quatre “elles”, forment une lignée pour donner naissance, fonder une famille, en chair et par le verbe. Mère adoptive et mère biologique, fille adoptée qui devient mère. Tout cela fait corps, en chair et en sang. Mais rien n’existe sans les mots qui s’échangent, entre une mère et une fille. Libérateurs, les mots donne la vie.
Au début était le Verbe. Ainsi vivent les parents adoptifs:
“Ils ont besoin de cela, que tout soit en règle, parce qu’ils ne sont pas des parents de chair, ils ne vont donc pas de soi, malgré la certitude qui pourtant les habite sans même qu’ils doivent se le dire, que la Petite est devenue leur fille.
Peut-être les parents de chair doivent-ils eux aussi, à un moment, avoir la certitude que leur enfant est devenu le leur, mais dans le cas de ces deux-ci, forcément, cela paraît la seule manière de devenir des parents.
Plus encore pour la Mère, laquelle se dit parfois qu’elle est mère comme un père, c’est-à-dire par les mots, ainsi qu’un homme doit s’entendre dire d’une femme qu’elle est enceinte de lui pour être père et dire un jour à l’enfant Je suis ton père, tandis qu’une mère n’a pas besoin des mots parce que c’est là, dans le corps, ça va de soi. Elle, pour son enfant, elle n’a pas eu l’évidence du corps, elle n’a pas pu ; elle n’est pas une mère qui va de soi.” (p.13)
L’homme devenu parent se voit confirmer sa fonction symbolique, celle du langage, en regard de la mère qui fait corps.
Avec des mots simples qui sonnent juste, avec de beaux dessins et lavis contrastés, la parenté , et pas seulement l’adoption, est ici interrogée de fort belle manière.