Très belle présentation générale d’un parcours saisissant dans le monde de la peinture moderne, celui de Nicolas de STAËL, depuis ses premières toiles abstraites jusqu’à ses œuvres magistrales réalisées en fin de vie. L’histoire de toute une vie tournée vers la lumière.
Orphelin recueilli en Belgique
La petite-fille de l’artiste, Marie du Bouchet, nous parle de l’enfance de Nicolas de Stael fuyant la révolution russe de 1917 en Pologne. Ses deux parents survivent peu de temps à l’exil.Recueilli en Belgique à l’âge de huit ans par une famille nombreuse et généreuse, il entame par la suite des études à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles; il voyage et s’établit par après en France.
Un peintre écrivain
L’auteur nous présente un peintre merveilleux écrivain à l’occasion de nombreux échanges épistolaires avec ses parents, des amis artistes ou marchands d’art. Il décrit avec des mots simples et des phrases choisies son travail et sa vie. Il écrit en 1936 à son père adoptif, lors d’un séjour au Maroc:
“Ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine“.
Un voyage certain vers la lumière
Ce voyage mènera le peintre, depuis une œuvre, certes marquante dans l’histoire de l’art abstrait en France, mais qui semble aujourd’hui pesante, jusqu’à la fulgurance d’une peinture moderne sans précédent. Dans les années 1952-1955, peu avant sa mort, sa peinture s’allège, dans des empâtements toujours vifs, qui témoignent d’un récent coup de brosse ou de couteau, et dans des couleurs de plus en plus diluées sur une toile qui s’enflamme, jusqu’au “paroxysme de la lumière“, comme en parle l’auteur. La série de peinture réalisées en Sicile, Agrigente, montrent à l’envi la puissance des formes aveuglées par la lumière d’Italie, mais que le peintre restitue sur la toile comme un « visionnaire », seul doté de la vraie vue. Un rouge, puis un vert montre des cieux illuminés ; un noir représente l’horizon écrasé sous le soleil.
Fulgurance fatale
Ces dernières peintures, géniales, sont le témoignage d’un ultime voyage, celui d’un Icare ayant approché de trop près le soleil. Pour peu de temps, hélas !, l’artiste s’en est revenu pour nous livrer avec fulgurance, sur la toile, l’illumination même.D’une telle expérience, semble-t-il, on ne revient pas vivant. Le peintre met un terme à sa vie.
« Toute ma vie, j’ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m’aider à vivre, me libérer de toutes les impressions, toutes les inquiétudes auxquelles je n’ai jamais trouvé d’autre issue que la peinture. »
Et la mort, malheureusement.