Un homme assis sur le sable regarde l’incendie d’une maison dans les dunes. La narratrice, Hélène, l’accompagne dans cette vision des flammes. Cette maison près de la mer a été “le théâtre unique de tragédies intimes”, bientôt réduites en cendres. Michèle LESBRE écrit ici un “roman de plage” à la gloire de Patrick Modiano, dont on retrouve un sentiment léger d’étrangeté.
Arrêt sur images
La narratrice, Hélène Navachine, est veilleuse de nuit dans un hôtel parisien. Elle a fui Paris et une histoire d’amour tentée avec un certain Bernier. Avant de revenir dans la Capitale, elle s’arrête sur le spectacle de cette maison en flammes. Elle s’assied aux côtés du pyromane et assiste à la disparition de ce pavillon de vacances. C’est l’occasion d’une halte, d’un arrêt sur des images. La femme échange avec l’inconnu des souvenirs épars, des sentiments mêlés.Il y a la mort par noyade de Brigitte, jeune fille qui a habité cette maison. L’Italie est évoquée plus d’une fois, où l’homme a vécu, où Hélène a aimé Giorgio peu avant l’attentat terroriste commis dans la gare de Bologne. Il y a Sandra, réfugiée politique italienne, arrêtée, expulsée.
A la gloire de Modiano
Ce livre est un hommage à Modiano dont plus d’une dizaine d’ouvrages sont cités de manière directe ou tacite. Il emprunte à cet auteur l’atmosphère d’étrangeté légère qui parcoure tout le roman. Car nous sommes bien souvent désorientés, avec un sentiment d’égarement emporté par un style enlevé, une écriture fine, des propos disparates.Dans une mise en abyme évidente, la narratrice nous parle de son propre désarroi. “Je ne voulais pas me laisser envahir par toute cette histoire dont je ne voyais pas très bien où elle menait.” (p. 33). On est bien amené ici à faire sien sa résolution vers la fin:
“J’ai tenté de faire un classement chronologique, pour finalement y renoncer. Cela n’avait aucun sens et ne racontait rien. On croit que les histoires se déroulent avec une sorte de logique, un début et une fin, on fait semblant de ne pas savoir qu’elles sont là tout entières depuis le début, avec leur commencement et leur chute. Mais il faut se mentir un peu.” (p. 121)
Michèle LESBRE ment très bien dans ce drôle de petit roman “de plage”…
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