Au début des années ’80, le narrateur est un étudiant en philosophie de 22 ans. Il délaisse peu à peu ses études et fréquente un café de Paris. Il y rencontre un homme désœuvré, l’Ingénieur, qui l’invite à passer la soirée à Mendon chez Mathilde.
Les soirées
Autour de Mathilde et l’Ingénieur évoluent des hommes et des femmes, amis, voisins : une petite société qui accueille volontiers le narrateur. Il devient l’ami du couple et fréquente la compagnie des autres. Lorsque l’Ingé part durant de nombreux mois en Amérique, le narrateur tient compagnie à Mathilde, malade, qui s’adonne aux drogues.
Puis l’ingénieur revient et se marie avec Mathilde. Que deviendra le narrateur ?
« Et toi ? Moi ? Il a attendu en souriant, comme il savait si bien le faire. Il avait quelque chose d’un accoucheur, d’un genre bizarre de professeur, ça devait lui courir dans les veines depuis des générations. » (p.112)
Les soirées à Mendon reprennent leur cours. Le narrateur y rencontre Sylvaine, infirmière, amie de Mathilde. Puis Marrick, une collègue de Sylvaine. Et restent l’Ingénieur et Mathilde :
« Ils m’avaient fait rêver ce soir dans leur amour à eux ; je ne connaissais pas grand-chose à l’amour, mais, avec Mathilde et l’Ingénieur, c’était un peu comme suivre des cours en accéléré. Des cours de quoi ? Je verrais plus tard. » (p.148)
Un charme ineffable
C’est « Vincent, François, Paul et les autres », ce film de Claude SAUTET, qui montre en images une bande d’hommes qui évoluent, reliés par l’amitié. Sautet parvenait à filmer avec élégance et pudeur la vie d’une petite bourgeoisie de banlieue et ses aléas. Ce portrait tendre de trois individus défaits en proie au doute valut à Claude Sautet son plus grand succès public.
Un charme analogue se dégage du roman de FABRE. L’auteur construit et fait vivre sous nos yeux un petit monde avec pudeur et un faux détachement. Comme dans tous les romans de l’auteur.
Ainsi en parle le chanteur Dominique Ané, dont Dominique FABRE est l’ami et a inspiré le disque récent “Toute latitude” :
« Ce sont des livres qui se passent toujours en périphérie de Paris : le narrateur y fait le compte de ce qui ne sera plus, et des regrets qu’il faut essayer de ne pas en retirer. Ni recherche du temps perdu, ni enquête modianesque à la clé, juste le constat du temps qui fout le camp. ».