Deux récits se développent en parallèle pour se rejoindre in fine.
Narrations parallèles
Molly Howe, née en 1971, habite Ulster dans l’état de New-York. Elle grandit dans une famille modeste, sans beaucoup d’affection. Belle, brillante, elle doit fuir à 17 ans sa ville natale après la découverte de sa liaison avec un homme plus âgé, marié. Elle retrouve son frère sur le campus universitaire de Berkeley. Elle y rencontre John Wheelwright, étudiant en histoire de l’art. Les deux jeunes gens habitent ensemble, s’aiment peut-être. Mais Molly disparaît à l’occasion d’un retour dans sa famille, auprès de son père hospitalisé en psychiatrie. Elle est enceinte et John l’ignore.John Wheelwright, après avoir réussi ses études, travaille dans la publicité à New-York, comme un “mad man” (un homme de pub sur Madison avenue). Il vit en ménage avec Rebecca, brillante avocate d’affaires. Il rencontre Mal Osbourne, patron influent de l’agence où il travaille, grand amateur d’art, qui monte une nouvelle agence novatrice, promouvant des artistes contemporains. Il quitte tout, Rebecca, son travail, New-York, pour suivre Osbourne dans le Sud, créer la société Palladio, et innover en matière de création publicitaire.Dix ans séparent ces deux récits, et les deux personnages principaux se retrouvent face à face à l’occasion d’un entretien professionnel.
Mensonges et vérité
Ce roman mené de manière fort habile, est placé sous le signe du mensonge:
- la tromperie, dans la relation adultère que Molly entretient à 17 ans, comme baby-sitter, avec le père de l’enfant dont elle s’occupe;
- le mensonge comme gage de survie dans le couple de ses parents, lui dépressif suicidaire, après la perte de son travail, elle fuyant ses responsabilités parentales;
- la publicité, ou l’art comme vecteur anonyme d’un message publicitaire, caché sous des airs fallacieux: tuer la publicité, pour faire vivre la création artistique, selon l’engagement de Mal Osbourne;
- le masque, qui recouvre le visage de certains protagonistes qui ne disent pas la vérité.
Utopia, fabrique des illusions
John et Molly se retrouvent face à face, et c’est l’occasion d’interroger le passé, de comprendre pourquoi, et d’espérer l’inattendu. Mais Palladio, fabrique des illusions, s’écroule en dispersant chacun des êtres qui y auront vécu. Tout ne fut qu’une utopie.Belle construction romanesque, complexe et prenante réussite, qui mène le lecteur jusqu’au deux tiers du récit, alors que la fin du roman convainc moins. Mais le livre vaut par sa narration en parallèle, ses personnages attachants, ses considérations pertinentes sur l’art ou la publicité.