“Et si on allait à Blanès?”
C’est la proposition que fait l’héroïne à son compagnon un samedi matin. Le couple va et revient de Blanès, cette petite ville balnéaire de la Costa Brava. Eva Nevert et Samuel Klein mangent, parlent d’un écrivain sud-américain, Roberto Bolano, se promène dans la cité à front de mer. Ils reviennent tous deux à Barcelone, dans la maison du couple. Là, Samuel, de manière inexpliqué, meurt, ou plutôt disparaît, sans laisser de trace. Eva en parle autour d’elle, explique la disparition de son compagnon; sans succès. Personne ne la croit, ni ses amis Luis ou Dolores, le père de Samuel, son éditrice. En vain.
La vie en dépit de soi
Alors Eva refait le chemin en arrière; elle retourne à Blanès pour retrouver les traces de l’homme disparu. Elle veut comprendre ce qui s’est passé. Elle demeure dans un petit hôtel de la côte espagnole; elle déambule dans la ville déserte avant l’été. Elle fréquente des personnes toutes férues de l’écrivain Roberto Bolano.
Tout se passe un peu en dépit d’elle-même, comme à contre-coeur; tout va à vau-l’eau, sans direction apparente. Eva se laisse portée par les événements, emportée par les personnages qu’elle rencontre, et se laisse imprégner par le lieu et le temps.
Restent des questions sans réponse, pas de traces de Samuel. Tout demeure “inexpiqué, chaotique, stérile” (p. 131). L’héroïne se livre à un monde dont elle ignore les ressorts, avec complaisance, indolence, par compulsion.
Après avoir trouvé l’amour d’un homme, Toni, gardien d’un camping, elle rentre à Barcelone où l’attend la police, pour l’interroger plus avant sur la disparition de Samuel.
Un charme particulier
La saison estivale prend fin, le camping ferme, les bolanistes retournent chez eux. Le roman se termine, et un certain charme particulier se poursuit. Un sentiment étrange court de bout en bout de ce roman, proche de l’hypnose, et ne se dissipe pas à la fermeture du livre. Curieux, fascinant.