Quatre récits d’un psychanalyste
Quatre histoires de femmes en prise avec l’alcoolisme, dans ce qui ressemble à un lent et long suicide, à petit feu, goutte à goutte… pour seule réponse à un véritable effroi d’exister.Pourquoi? comment? Un psychanalyste renommé dans le milieu lacanien nous présente de petits récits tragiques empreints d’énigme avec des rebondissements et un heureux dénouement.
La vie est un roman… policier
Les récits de psychanalyse sont d’emblée “romanesques”, telle une enquête à la recherche d’un sens, une vérité cachée, où le personnage principal est une victime et non coupable. Les essais psychanalytiques sont ainsi pareils à de passionnants romans policiers où nous est donnée la clé d’une énigme en fin de pages.
Perte et prise de conscience
Gérard HADDAD nous dresse le portrait de quatre femmes ravagées par l’alcool dont elles abusent jusqu’à perdre conscience. Tout dans leur parole ou leur comportement est dans l’esquive; hébétées devant ce qui leur arrive, elles n’en voient pas le sens.Et si toutes avaient à subir “le désordre de plus en plus profond qui règne dans les structures symboliques qui président, au-delà des mécanismes biologiques, à la reproduction de notre espèce”?
Le pacte amoureux
La femme alcoolique, tout comme l’homme souffrant du même mal, a à vivre douloureusement la rupture d’un pacte par lequel l’espèce se reproduit, contrat éminemment symbolique que partage l’homme et la femme au sein d’un couple. Que l’homme se dérobe, que la femme soit empêchée d’enfanter, et c’est une fonction de reproduction qui devient vaine. Un monde s’écroule dans une ineffable souffrance que rien n’apaise apparemment, sinon une morbide addiction à la boisson ou à d’autres drogues.Quatre femmes présentent des aspects d’un même mal quant à leur maternité:
- l’une stérilisée à son insu, lors d’une intervention chirurgicale;
- l’autre, mère, dont le mari divorce pour s’afficher par après homosexuel;
- une jeune fille qui apprend la vérité sur sa naissance et le genre de son père;
- cette femme, ayant subi un avortement alors qu’elle désirait ardemment devenir mère.
A l’extrême, si la parenté s’assimile parfois à un désastre – le déni de grossesse, l’aliénation parentale, … en sont les manifestations récentes-, l’absence de pa(ma)ternité pour la femme ou l’homme est un ravage. A l’opposé, la parenté heureuse se produit à l’occasion d’un véritable pacte amoureux entre un homme et une femme dans la structure symbolique qui définit chacun d’entre eux comme père et mère dans le processus de la reproduction. Le bonheur d’être parent est “partagé”; il naît d’une reconnaissance mutuelle.
D’autres ouvrages
Ce sujet donne par ailleurs à l’auteur de commenter le destin ou les ouvrages d’écrivains ayant trait à la boisson:
- Marguerite DURAS, qui enfanta d’un enfant mort-né;
- François NOURISSIER et L’Eau de feu (Gallimard, 2008) consacré à sa femme à l’alcoolisme ravageur;
- Serge DOUBROVSKI, Le livre brisé (Grasset, 1989), dont la femme est morte d’alcoolisme après trois avortements et face aux refus répétés de son mari d’enfanter.
Alcool, a-parenté et écriture se mêlent alors dans une constellation funeste.