Roman dans le roman, l’auteur se met en scène et joue le personnage d’un écrivain confident et enquêteur. Il s’entretient avec sa lectrice, narre sa triste vie et sa funeste destinée. Le romancier s’amuse des codes du roman, évolue dans le champ de la fiction qu’il crée. Ce jeu contraste étonnamment avec la gravité du sujet qu’il traite : l’enfer vécu par une femme dans son ménage, la manipulation dont elle est victime auprès de ses proches, la maladie mortelle qui l’abat. Le procédé romanesque surprend.
L’auteur et sa lectrice
L’héroïne est agrégée de lettres. Elle enseigne et rencontre son auteur préféré en mars 2008, puis quelques mois plus tard. Elle lui fait le récit de son existence. L’auteur embraie aussitôt et prend l’histoire de la jeune femme à son compte. Sa lectrice cherche sur un site de rencontre un amant, se donne à un homme attentionné, dans une maison retirée, à l’orée de la forêt. La femme laisse là son amant pour retrouver son mari et l’enfer familial.
L’amour à l’orée de la forêt
Le récit s’interrompt lorsque les liens entre l’auteur et sa lectrice s’estompent. L’histoire reprend de plus belle lorsque le romancier apprend la mort de la jeune femme. La sœur jumelle de l’héroïne reprend le récit pour livrer à l’écrivain la fin que Bénédicte a vécu, à la suite d’une longue maladie. Somatisation des affres connus par la jeune femme au cours de son existence comme épouse et mère. Restera une lueur dans une forêt sombre : l’amour unique vécu avec l’amant pour échapper à sa condition.Drôle de roman avec cet enchâssement d’histoires, inversion des rôles de lecteur et auteur et ingérence constante de l’écrivain comme personnage expressément nommé. Le récit gagne peu de cette expérience des limites romanesques.