Une femme de 40 ans, mariée, mère de famille, est attirée par des hommes plus âgés. Elle recherche, elle trouve un vieux professeur de 70 ans en fréquentant une académie de dessin. Elle devient sa maîtresse.
Pygmalion inversé
C’est Pygmalion rencontrant Galatée. L’artiste a créé, d’après la légende, une statue féminine d’une telle beauté qu’il en est tombé amoureux. Les dieux donne vie à l’ivoire, à la demande du viel homme. On retrouve cette idée dans la reproduction d’un dessin de Rodin sur la page de couverture. Le sculpteur a marqué de son empreinte plus d’une femme, telle Camille Claudel. Mais ici, qui est le maître? et qui est l’élève?C’est la femme, maîtresse de sa voie, qui donne vie à son fantasme. Même si l’on dit que l’homme prend la femme, s’en saisit, la possède, l’héroïne est chez Emmanuelle POL maître d’elle-même. Elle mène la relation à sa convenance.Elle établit un équilibre, un triangle parfait entre son amant et son mari, l’esprit libéré, le corps jouissant sans entrave. Pourtant, il suffit à la femme de quitter l’atelier où se déroulent ses ébats pour voir l’équilibre vaciller. A l’occasion d’une exposition de l’artiste, elle assiste au spectacle de l’homme en société, au contact d’un corps social. Plus rien ne sera comme avant.
La chair est gaie
Dans une langue parfaitement maîtrisée, l’auteur s’amuse de la morale allègrement bafouée. Le lecteur prend plaisir avec elle. La narratrice mêle avec légèreté phrases savantes et mots crus. Un cul est un cul, mais c’est dit avec élégance. C’est tout à l’image de l’héroïne qui conduit la relation adultère de maîtresse façon. L’histoire paraît d’autant plus scandaleuse que la langue est polie, la phrase façonnée. Telle la lisse statue d’ivoire qui naît des coups de ciseau du sculpteur et prend vie…Un petit livre polisson, en somme! La chair est gaie sous la plume d’Emmanuelle POL, si vous n’avez pas encore lu ce livre.—–