Un homme, une femme, un train. Christopher, 50 ans, se rend à Lisbonne après un échec professionnel. Emma rejoint sa sœur et sa nièce dans la capitale portugaise. Le long du voyage, ils conversent et s’interrogent sur le sens d’un existence. Il n’en faut pas plus pour que, sous la plume de Francis DANNEMARK, le charme opère.
La petite musique
Le récit est bref, la phrase est courte, le mot est juste: la petite musique de l’auteur se fait entendre. Les références sont sûres : un auteur, une musique, un film sont cités et participent à l’atmosphère.La confidence est timide : juste des choses qu’on dit d’un simple regard, avec juste ce qu’il faut d’énigme pour attirer l’attention.On reconnaît facilement Francis DANNEMARK sous les traits de son personnage masculin : il a 50 ans, né à Anderlecht, opérateur culturel, deux enfants devenus grands. Christopher quitte Bruxelles après avoir cessé ses activités de programmateur culturel. Il s’accorde une pause et s’en va rejoindre un ami de ses parents, tenancier d’un bar-restaurant à Lisbonne. Tout quitter pour se retrouver.Emma, la quarantaine séduisante, traductrice-interprète pour le compte d’une petite société de produits bio rejoint sa sœur pour un temps. Elle a perdu un être cher et renoue un lien familial distendu.
Une conversation élégante
Un voyage en train les réunit; ils ont le temps de converser élégamment, avec humour et légèreté, de la vie, de leur existence, du monde environnant:
- des projets culturels menés avec le soutien fragile du monde politique;
- de l’économie comparée au jeu de Monopoly sans plus de règles;
- du jazz comparé à l’amour : “un mélange d’élégance et de souplesse”, “la magie de l’instant” (p. 48).
Le récit s’interrompt lorsqu’un passager s’endort ou le temps de se rendre au wagon-restaurant. Il reprend aussitôt. Le voyage en train est le cadre merveilleux d’un roman :
- un lieu de rencontre et de proximité passagère
- le temps du voyage.
C’est l’occasion de deviser à foison sous le regard amusé de l’auteur, d’échanger des références (Bill EVANS, Rodrigo GARCIA, Sydney POLLACK, CIORAN …). Un tel univers, on le fait sien sans hésiter, sans résister, le temps de ces quelques nonante pages. Le temps d’un voyage à la fin d’un long hiver…——