Billy rencontre Hélène. Ils auront beaucoup d’enfants et ne seront pas heureux. Ils se séparent dans la violence physique ou les cris. Elle aura la garde des enfants; il devra se battre pour garder un contact avec eux.Christine ANGOT fait le portrait d’un couple qui naît et se déchire, qui meure et ne survit plus que dans la violence avec les enfants pour otages: police, prison, avocats, tribunal, médiation. Parenté sous haute surveillance…
Aliénation parentale
C’est le portrait d’un homme coincé dans une histoire qu’il ne voulait pas, d’un mari “trompé”, d’un père qui se bat pour garantir sa paternité. C’est la description d’une mère manipulatrice, d’une femme proche de la perversion narcissique, qui est d’autant plus mère qu’elle s’oppose au père.C’est le procès de l’aliénation parentale racontée par le menu, au quotidien, du début jusqu’à la fin. Un parent enlève à l’autre la parenté par des malversations, des mensonges, des manipulations.
Les mécanismes du pire
L’auteur déjoue par le truchement de la narratrice, nouvelle compagne du père déchu, les mécanismes du pire. Elle fait le reportage d’une parenté aliénée, dans le détails, par le menu. La narratrice se fait le témoin de la perversion dont son compagnon est la victime.
“Parfois il se demande encore (…). Si tout ça n’est pas de sa faute. Elle avait une telle douceur au début, (…) une telle séduction. Au fond il ne pense pas. Il pense qu’elle fabriquait, qu’elle jouait un personnage. Il ne voit pas d’autre explications. (…) Quand il a vu que le regard d’Hélène commençait à changer, il aurait pu laisser tomber. (…) Il a voulu résister. Il a cru qu’il pourrait. Il a voulu tenir. Il s’est dit qu’il passerait entre les gouttes.” (p. 185)
Un beau livre-vérité, où ANGOT s’efface devant son sujet difficile pour mieux en rendre compte. Elle est la comptable des petites manipulations qui, additionnées, font d’un parent un être “abusif”, pervers – cela lui a valu un procès intenté par la mère des enfants: on imagine d’autant mieux la véracité des faits incriminés.L’aliénation parentale existe et fait rarement l’objet d’un livre. Christine ANGOT en est la romancière avec pertinence et sensibilité, en faisant œuvre de littérature. Une gageure.
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