Un recueil de textes courts, forts comme du café serré, noirs, très noirs. L’auteur nous livre 11 nouvelles qui placent une narratrice dans une situation de séparation. Hommes et femmes se quittent, des enfants sont délaissés… Il reste bien peu de choses de l’amour, et très peu d’estime!
Une correspondance
Le titre de ce livre est tiré d’une chanson de Dominique A, auteur-interprète sombre avec lequel Brigitte GIRAUD offre des similitudes. Le même esprit règne, là dans des chansons, ici dans ces histoires froides, toujours tristes, mais qui témoignent d’une grande maîtrise dans l’écriture.Cette analogie entre les univers du chanteur et de l’écrivaine n’est pas fortuite. Tous les deux participent régulièrement au festival de chansons et écriture des Correspondances à Manosque, dont nous avons déjà parlé à propos du livre-cd Fantaisies littéraires. La nouvelle “Dire aux enfants” a été reprise à cette occasion en chanson par Valérie LEULIOT de manière parfaite.
L’art de la nouvelle
Ici tout est sombre et dense. Jamais la nouvelle ne paraît si bien représenter un art plein, une écriture condensée en un texte court. Tout est ici à cette enseigne:
- Une femme se sépare de son mari écrivain, qui la délaisse le jour de son anniversaire.
- Une femme invite un homme à diner à la maison, et se félicite de le voir partir dans l’obscurité après l’amour, sans un mot.
- Une jeune fille assiste impuissante à la séparation de ses parents l’année de ses dix ans, dans un camping sur la Côte d’Azur.
- une femme arrive à “la fin d’une histoire” d’amour :”Vous n’avez rien vu venir et vous ne l’aimez plus” (. 10)
- “Dire aux enfants” est la mise en garde donnée par une mère à son mari et ses enfants avant de rompre:
“Vous ressentirez quelque chose d’étrange, le soir dans votre lit, vous ne vous endormirez pas tout de suite, parfois vous aurez des pensées compliquées, vous imaginerez que tout est de votre faute, ce sont les enfants qui séparent les parents. Vous direz qu’il vaudrait mieux disparaître, vous attendrez de devenir plus grands.” (p. 36)
Onze nouvelles de couleur noire comme le chocolat, un peu amer mais fort de goût. Et des textes sublimes sur les suites de la séparation entre les parents pour les enfants (“Il faudra dire aux enfants que leur vie va changer”) ou les derniers instants de vie commune d’un couple, lorsqu’il s’agit de répartir les objets leur ayant appartenu, comme pour “effacer les traces”, “anéantir toute preuve des années passées ensemble” (p.86)—–
Livres du même auteur:
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