En 1966, Anne Wiazemski rencontre Jean-Luc Godard.
Elle et lui
Il a 37 ans. Il est le cinéaste de la Nouvelle vague, réalisateur connu pour ses films “A bout de souffle” ou “Pierrot le fou”. Il sort d’une relation avec Anna Karina, son actrice fétiche dans “Masculin, Féminin”.Elle est jeune et, à 19 ans, doit repasser son baccalauréat. Elle est la petite-fille de François Mauriac, grand écrivain de la France gaulliste. Elle a tourné son premier film avec le réalisateur Robert Bresson dans “Au hasard Balthazar”.
Le bottin
La jeune femme entretient une relation avec le cinéaste contre l’avis de sa mère ou de son grand-père. Mais tout paraît simple dans le Tout-Paris littéraire ou cinéphile. Le carnet mondain de nos deux héros se dévoile devant nous. Dans un récit allègre, la jeune Anne rencontre Francis Jeanson (le philosophe compagnon de route de Sartre et de Beauvoir), Antoine Gallimard, François Truffaut, Alain Cuny ou Jeanne Moreau. Elle fréquente l’université de Nanterre et étudie vaguement la philosophie. Elle a 20 ans peu avant mai 1968 et croise Daniel Cohn-Bendit, prochain leader de la révolte étudiante.
L’amour, la vie
C’est l’amour et les 400 coups qui intéressent notre héroïne, en compagnie d’un Godard fantasque, rieur, épris de littérature, pour qui les livres se transmettent comme on délivrerait des messages. C’est la naissance à la vie, devant les yeux consternés, réprobateurs, mais un peu envieux, de François Mauriac. C’est le cinéma qu’elle habite, alors que son compagnon est habité par le cinéma, en jouant “La chinoise” sous la réalisation de son futur mari.
“En écoutant Jean-Luc converser avec Rivette, Truffaut, Francis ou Michel Courmot, j’avais le sentiment de découvrir le monde à travers leurs yeux, leurs mots, et cet apprentissage de la vie me comblait.” (p. 188)
On est volontiers pris par cette ronde de noms illustres qui se succèdent, on reste ébahis devant cette galerie de personnages célèbres qui défilent, présentés avec toute la candeur de l’auteur âgé de 20 ans. Cela ne paraît pas mondain ou suffisant. Nous passons quelques bons moments avec un Godard facétieux ou un Mauriac bougon, alors que mai 68 surviendra sous peu.