Paul Sneijder, 60 ans, est un miraculé. Il a échappé à la mort dans un terrible accident d’ascenseur en janvier 2011 à Montréal. Sa fille Marie qui l’accompagnait, n’a pas survécu. Depuis lors, plus rien n’est comme avant. Le survivant traverse l’existence avec un sentiment d’étrangeté, en côtoyant des individus dont le portrait nous amuse.
Curieuse humanité
Il y a:
- sa femme Anna, qui travaille ardemment dans une entreprise privée et y entretient une relation extraconjugale, est devenue pour notre héros une étrangère;
- ses fils jumeaux, exilés en France, fiscalistes, qu’il en arrive à détester;
- son employeur, patron d’une société qui s’occupe d’animaux domestiques, à ses heures mathématicien passionné par les nombres entiers palindromiques (23632, 2216122, …);
- son assureur, botaniste passionné par les cultures asiatiques, distingué philosophe, .
Plus dure sera la chute
Agoraphobe, claustrophobe, dévoré par un eczéma purulent et développant des idées assassines à l’encontre de sa femme détestable, il se réfugie dans son bureau aux côtés des cendres de sa fille incinérée, en lisant une abondante documentation technique sur les élévators. Plus grande sera sa détestation du monde environnant, plus dur sera sa chute.
Il est bien question d’un univers en perdition. La perte de sens s’apparente à une descente au fond de l’abîme. Le dénouement de l’intrigue révèle en effet la chute d’un homme, enfermé dans un imbroglio familial inextricable comme il a failli mourir enfermé dans une cage d’ascenseur écrasée. Emmuré vivant dans un enfer, à la suite d’une incroyable machination au sein de sa famille.
Le cas Dubois
Terrible roman noir, tout y est sombre, tout le monde est étrange ou détestable, si ce n’est la fille aimée, hélas disparue. Le cas Sneijder, c’est le cas Dubois : seul un humour corrosif vient sauver une histoire d’une incroyable noirceur.
—–