Un frère, une soeur, comme dans de précédents romans, en proie au mal-être, inadaptés aux relations sociales contraignantes, rétifs au liens familiaux fallacieux, séjournent successivement au Japon. C’est le pays du soleil levant, qui représente un espoir de renouveau. Pour Nathan, il sera trop tard; pour Sarah, tout sera possible.Nathan décède dans un accident de voiture, après avoir résidé au Japon.Pour sa soeur, c’est un choc. Toute une vie s’effondre. Une carrière professionnelle prend fin; son travail comme gestionnaire commerciale dans une entreprise privée (privée de quoi? de l’essentiel…), lui apparaît inhumain, car personne n’écoute personne, tout le monde ment à tout le monde. Une vie familiale vole en éclats; son mari la trompe, ses enfants lui sont indifférents. Elle s’éloigne de sa soeur, de ses parents, malgré le deuil qui les frappe et pourrait les unir.
De loin, de près
Son frère est mort, elle perd son emploi. Elle part au Japon sur les traces de Nathan, à la recherche d’une vérité qui lui apparaîtra loin de ses proches. Étrangère auprès des siens, elle part à la recherche d’elle-même dans un pays étranger. Ou comment être soi, mais ailleurs.
“Vu de loin on ne voit rien“, disait souvent Nathan à tout propos. (…) aujourd’hui je sais qu’il avait tort, que c’est exactement le contraire : vu de près, pris dans le cours ordinaire, on ne voit rien de sa propre vie.” (p.15)
Au cours du récit, nous faisons d’incessants aller-retours entre la France et le Japon, en suivant tantôt Nathan, tantôt sa soeur, pour mieux comprendre le passé et examiner le présent, envisager l’avenir.
Dans la cité des anges, les ailes du désir
Sarah s’envole, le coeur en cavale, vers Tokyo, passe par Kyoto et s’arrête dans une pension au bord de la mer, bordée de falaises, un lieu fréquenté par les candidats au suicide.Elle rencontre Natsume Dombori qui veille sur les désespérés s’attardant en ces lieux et offre à quelques pensionnaires un asile, un refuge calme et doux. Nathan a résidé à cet endroit et a vu sa vie changer.
“Qu’a-t-il laissé ici, si loin de chez lui, qui perdure et flotte, dont je sens partout la vibration, au sommet des falaises, dans les rues de la station, sur chaque visage que je croise.” (p. 155)
Sarah, huit mois après Nathan, y séjourne et peut enfin
“Réfléchir. Retrouver la force de réfléchir et d’envisager les choses dans le calme, faire le tri, se délester, choisir. (…) Sentir battre en moi un coeur régulier.” (p. 187)
—-Olivier ADAM, Le coeur régulier, ed. de l’Olivier, Paris, 2010, 232 p.
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