Emma, 27 ans, aime E, 48 ans. L’homme est un agent immobilier. La jeune femme travaille comme caissière, mais achève l’écriture de son premier roman, bientôt publié. Elle cherche un appartement et rencontre l’homme. L’expérience amoureuse survient après un temps plus ou moins long et, une fois que des sentiments naissent, l’amour devient fort. Il s’achèvera dans la douleur.
“Je ne sais pas si je pourrai un jour revenir habiter dans cette ville où je voulais vivre, d’abord sans toi, avec toi ensuite, ou si les amours nous font perdre des villes en même temps que nous-mêmes, en même temps qu’elles
nous fondent, nous déconstruisent, nous précisent, nous accouchent, nous révèlent, nous brisent, nous changent et nous subliment.” (p.215)
C’est la passion dont il est question ici, telle une expérience de soi révélée, comme chez Annie Ernaux. La matière autobiographique est incontestable, comme l’a expliqué l’auteur. On pense aussi à Roland Barthes (“Fragments d’un discours amoureux”), pour ces sentences sur la vie passionnée, originales, définitives. C’est l’amour et tout ce qu’il y a autour : les lieux, des chansons, les livres, un vêtement. L’être amoureux est fétichiste. Toutes ces choses aux côtés des individus, et la musique qui va avec, telle une bande son qui s’étire en continu. On entend Dominique A, – le titre du roman est identique à celui d’une chanson, d’autres musiques, telles des hymnes à l’amour.
Et puis tout s’arrête. Quelques mois se sont écoulés, intenses. Tout finit, même ça qu’on croyait si fort. Surgit le silence. Et chacun reprend sa vie.
Après “La légèreté”, premier roman réussi ayant trait à l’adolescence, Emmanuelle Richard s’investit dans un roman lourd qu’on pressent très personnel. C’est cru, direct, impudique, vrai. Avec le seul point de vue d’une jeune femme, subjectif. Un portrait très intéressant d’une femme amoureuse.