Secret familial
C’est l’histoire d’un secret de famille que dévoile Colombe Schneck. Elle donne à sa fille le prénom de Salomé : c’est le nom d’une lointaine cousine morte à Auschwitz et dont l’existence restait cachée. L’auteur transmet un nom sans le savoir, en s’en doutant quand même, par tradition familiale, en respect d’une parole donnée à sa mère, dans un lien fait d’un mot qui enserre et retient.
Choix de vivre
C’est aussi l’histoire d’un choix. Le choix de la vie à l’encontre de la mort. Colombe Schneck enquête sur ce que fut la courte existence de Salomé. En 1943, quelque part en Lituanie, dans le ghetto de Kovno, les soldats allemands président à la sélection. A gauche, les damnés, les faibles, vieux ou enfants condamnés à Auschwitz vers la mort. A droite, les plus vaillants envoyés dans un camp de travail où existe une chance de survivre. Dans la file, une lignée de femmes : Mary, la grand-mère de Salomé, Raya et Macha ses deux filles. La grand-mère entraîne Salomé à gauche, libérant ainsi la mère de l’enfant qui peut se diriger à droite. Par ce sacrifice, l’aïeule condamne Salomé et sauve la maman de l’enfant. La mère de Salomé, elle, fait le choix de la vie, en sachant la mort probable de son enfant.
“Lorsqu’ils sont arrivés devant l’officier nazi qui était en charge de choisir qui était apte au travail, qui allait mourir et pointait à gauche, les vivants, à droite, les morts, Mary a saisi le bébé des bras de sa fille Macha, a pris la main de la petite Salomé que Raya a lâchée, et est allée ainsi avec ses deux petits-enfants vers la mort.
Ses deux filles Macha et Raya ont accepté de vivre sans leurs enfants, elles se sont retrouvées dans la file de ceux qui partaient au Lager. Ton arrière-grand-mère a ainsi sauvé ses deux filles et Raya et Macha ont accepté d’être sauvées.
Je pense très souvent à ce choix de ma mère et ma tante de laisser leurs enfants, de vivre. Je crois qu’elles avaiënt un infime espoir, toutes les mères ont cet espoir en elles, leur enfant ne peut pas mourir avant elle. Elles ont accepté de partir sans leurs enfants car elles espéraient que de manière miraculeuse, Salomé et Kalman allaient vivre. ” (p. 146, 147)
Le choix de Sophie
Vivre donc, survivre à la mort de son propre enfant, presque de manière impossible. C’est “le choix de Sophie”, dont William Styron a écrit le roman en 1979, qui est le symbole d’une dilemme, le choix impossible entre deux options insoutenables.
Ici, tout s’imbrique : secret de famille, liens et descendance, lourd héritage maternel, enquête et anamnèse, choix tragique car impossible.