Une femme libre
Floki quitte Maria, sa femme, après des années de mariage et la naissance de deux jumeaux. Le soir du réveillon de nouvel an, voilà qui n’est pas commun. L’homme se sépare de son épouse pour vivre au grand jour son homosexualité avec un collègue. Maria aura été l’exception dans sa vie.La narratrice trouve un réconfort auprès de sa voisine, Perla, naine, psychanalyste et romancière. Rien d’exceptionnel… L’écrivaine, confidente et conseillère, accompagne le brusque retour sur le passé de la jeune mère célibataire. C’est l’occasion de revenir en arrière, de reconnaître après-coup la nouvelle orientation sexuelle de son mari. Perla raisonne la narratrice:
– Il y a des tas de gens qui passent leur vie à se demander quel sera le bon moment pour l’heure de vérité. Certains n’arrivent jamais à une conclusion. C’est comme dans la création romanesque, on est constamment confronté à la question de savoir quand ralentir le cours du récit et quand l’accélérer.Elle sauce avec un morceau de pain les restes de jaune d’oeuf dans son assiette tandis que je remplis à nouveau sa tasse.- La différence entre la vie et la fiction, c’est que dans la vie, il est souvent difficile d’assigner avec précision un point de départ à quoi que ce soit. (p. 44)
Un retour aux origines
De plus, les nouvelles s’abattent sur la narratrice. Elle se découvre un père biologique, alors qu’elle avait été éduquée par le second mari de sa mère. L’homme, son géniteur caché à ses yeux jusque là, vient mourir près de chez elle, après une première et dernière rencontre. Voilà qui n’est pas banal. Enfin, Maria apprend qu’une adoption entamée avec son mari aboutit après de nombreuses années d’attente. Elle deviendra mère adoptive après être devenue mère célibataire.Décidément, rien ne se passe de manière habituelle dans le petit pays d’Islande où, de plus, durant cet hiver, le soleil se lève à 11h et se couche à 15h. Homosexualité, adultère, adoption, découverte de ses origines biologiques : voilà les thèmes abordés avec pour compagnon deux voisins originaux : une naine psychologue et écrivaine, un jeune homme amoureux et ornithologue. Tout est donc un peu étrange dans ce roman, et en même temps tout à fait normal. Rien d’exceptionnel pour un pays comme l’Islande ou pour l’auteure, Audur Ava OLAFSDOTTIR, qui conduit son récit avec le plus grand naturel.