Un bref roman âpre, rude comme le travail appris par le narrateur auprès de vignerons ou bûcherons les Landes ; un récit difficile comme le chemin accompli par le personnage principal qui, ayant perdu femme et enfants à cause de la boisson, retrouve l’une et les autres grâce à la sobriété.
Mise en abyme
L’homme est romancier et, en renonçant à boire, écrit à nouveau un roman dont le début nous est donné à lire par-delà son épaule, par sa femme retrouvée. Les mots sont ceux que le lecteur a découvert aux premières lignes du livre qu’il tient en mains. Etrange mise en abyme.
La femme et les enfants d’abord
Il s’est résolu à regarder grandir à distance sa fille
“comme dans l’automobile que je garais près de la communale, aux heures de récréation, souffrant de t’apercevoir esseulée dans un coin, formant des voeux pour que tu te lies avec des camarades. Des voeux? Des prières, oui. Ce que j’ai pu prier, durant ton adolescence.”
Dans une des plus belles lettres jamais écrites par un père à sa fille, il renoue le lien à son enfant devenu femme. Il retrouve aussi son fils, tantôt adolescent, maintenant homme.
Sa femme, “o bella ciao, bella ciao”, ne voulait plus d’un homme soûl dans son lit. Il la séduit à nouveau en abandonnant la vie des bistrots. Résurrection.
De belles âmes
Ce récit est fait d’une écriture sèche qui épouse les traits des personnages, comme les lignes du paysage dans la région du Médoc. Les figures présentes appartiennent à la même famille que les personnes présentées dans les livres d’Olivier Adam, près de la Bretagne. Elles font penser à ces ouvriers agricoles à l’œuvre dans les paysages de Haute-Provence, chez Jean Giono (“Un de Baumugnes”).
Nous y reconnaissons un monde dur, mais de belles âmes.